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jeudi 17 avril 2014

Coup de Cœur du Libraire - "Car les Temps Changent...", de Dominique Douay (Les Moutons Electriques, 2014)



                Ce court roman de Dominique Douay marque le retour à la fiction d’un auteur ayant marqué le genre, en France, dans les années 1970 et 1980. Par rapport à L’Impasse-Temps, on retrouve la même voix puissante, le même style maîtrisé, et l’influence de Philip K. Dick. Le roman tire son titre d’une chanson de Bob Dylan, et sera un des leitmotivs de l’œuvre, ainsi que d’autres chansons des années 1960. Nous sommes à Paris, en 1963. Mais quel Paris et, on sera vite amené à se le demander, quel 1963 ? Car, si les temps changent, s’agit-il d’un véritable changement, ou d’un éternel retour ?

                Léo le Lion est un jeune homme, bien de sa personne, multipliant les liaisons et traversant la vie sans y attacher trop d’importance, ni s’attacher durablement. Mais depuis quelques semaines, il a fait la connaissance de Labelle, une jeune femme avec laquelle il a connu l’étreinte des derniers instants. En effet, nous sommes en décembre, la fin de l’année approche, et avec elle, le Changement. Le 1er janvier, chacun se réveillera avec une nouvelle identité, dans un nouveau décor, avec des souvenirs inédits, une famille et une situation fraîchement définies. En ce 31 décembre, chacun profite des dernières heures de l’ancienne année, se rattache aux bribes de son identité, en attendant le Changement et la grande loterie où l’ensemble de la société sera brassée en une nouvelle configuration.

                Mais, voilà. Cette année, Léo est passé au travers du changement, pour des raisons inconnues. Il a conservé son identité, et se réveille en compagnie de parfaits inconnus, qui occupent désormais son appartement et dont l’un partage son état civil, ses souvenirs et ses rapports sociaux. Dès lors, commence pour Léo une lente spirale descendante, à l’image de Paris, qui se révèle progressivement être une gigantesque tour spiralée au sommet de laquelle l’Arc de Triomphe est le cadre, chaque année, d’un discours du Général, mystérieux chef de l’Etat. Plongé dans une dégringolade mortifiante, il découvre peu à peu l’envers du décor, derrière la façade d’une société heureuse et prospère. Son parcours le conduira à une compréhension totale de son cadre de vie, une révélation qui ne résoudra peut-être pas grand-chose pour lui, finalement.

                En définitive, ce roman n’est pas une bouffée d’air frais, puisque l’air qu’on y respire est pour le moins oppressant, mais une vision un peu neuve sur un des vieux poncifs de la SF, celui d’une société future idéale mais pas tant que ça, la dystopie qui découle d’une utopie trop parfaite. S’y ajoute le questionnement, constant chez les émules de Dick, sur la nature de la réalité, et la solidité d’une identité qui se conçoit comme un rapport au réel. L’être-au-monde est fondé sur une planche savonneuse, qui ne laisse finalement que peu de prise au bonheur, une fois gratté le vernis qui recouvre la terne réalité.

Louis

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